dimanche 20 septembre 2009

Misère du journalisme publicitaire

Voici un article issu du blog de Johan Livernette, qui nous a gentiment proposé de participer à l'Observatoire du Chaos Ambiant.
Il peut rejoindre l'article sur la Désinformation proposé par °Versus°
Retrouvez son blog ici

http://livernette.blogspot.com/



La pub dans nos journaux, le phénomène n’est pas nouveau, il mérite toutefois qu’on s’y penche en détails. Lorsqu’on évoque la publicité, on pense instinctivement à celle intercalée entre nos émissions télévisées, ou bien celle envahissant nos boîtes aux lettres ou encore celle plantée dans nos rues sur nos trottoirs. Un harcèlement de tous les instants devenu ordinaire pour le citoyen moyen de ce début de millénaire.

« Publicité », le mot est lâché, il nous rappelle le succès de « 99 F » de Frédéric Beigbeder du temps où ce dernier était encore écrivain. Le mot colle aussi à la peau d’un autre collabo, Jacques Séguéla, le spécialiste du retournement de veste sans jamais la froisser ni être gêné lorsqu’il s’agit de regarder le peuple en face.

Comme chacun sait, qui finance décide. L’antienne est immuable. En plus des collectivités territoriales, la publicité finance majoritairement la presse. C’est donc elle qui l’oriente, dicte sa ligne éditoriale, commande ses pages selon les évènements -ou faux évènements- que nos médias montent en épingle.

Dans les journaux, la publicité prend différentes formes. L’une est directe, apparente, cantonnée en bas de page ou mieux encore sur des feuillets entiers. L’autre se diffuse à visage moins découvert. Il s’agit du publi-rédactionnel. Une publicité bien plus indirecte donc, dissimulée dans des canards où l’on fait semblant de nous informer pour mieux nous inciter franchement à consommer. Ce genre de journalisme se retrouve d’ailleurs autant dans l’audiovisuel, les stations radios que dans la presse écrite.

A défaut d’avoir un journalisme d’investigation qui élève le niveau culturel, à la recherche de la pure vérité, nous avons droit à ce journalisme commerçant. Un vague catalogue publicitaire incitant à consommer pour consommer, histoire de nous rappeler -au cas où nous l’aurions oublié- que nous sommes de simples consommateurs, le but étant de faire tourner l’industrie, le business des multinationales ayant indéniablement plombé le petit entreprenariat. De multiples incitations en découlent : incitation à consommer au stade, dans divers commerces et autres loisirs… parallèlement à l’incitation à voter selon la couleur politique du canard.

Simple constat : ce fameux publi-rédactionnel occupe une place grandissante au milieu d’informations aussi futiles qu’inutiles. Mais l’autre gros problème, c’est lorsque le grand public considère cette pseudo-information comme une info d’importance, au-delà bien évidemment de l’info mensongère ou encore manipulatrice. Une vaste entreprise de déconscientisation des masses par le détournement de l’information vraie, l’essentiel concret sur les enjeux réels de notre société.

Mais quand le futile s’ajoute à l’inutile, le néant n’est pas très loin. Le vide non plus. Et comme la nature a horreur du vide… le lecteur ou téléspectateur zappe. Alors les ventes des médias s’essoufflent et la presse dégresse ses effectifs tandis qu’aux yeux du grand public, elle perd logiquement sa crédibilité. D’où de plus de plus de gens en recherche de vérité allant fouiller l’information alternative sur internet.

On distingue aussi l’auto-publicité ou publicité nombriliste. Celle-ci est tout autant ridicule, assez fréquente et s’établit au sein même de son propre média. Exemple : lorsqu’une chaîne martèle à longueur d’antenne un prochain programme télévisé (un OM-PSG par exemple) ou lorsqu’un journal incite ses lecteurs sur une page entière à s’abonner. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas ?

Autre point important à signaler, avec la multiplication des chaînes câblées, constatons avec lucidité que le flux d’information envoyé aux téléspectateurs est globalement le même d’un média à l’autre. Ainsi, la référence n’est plus la chaîne ou le média mais bien l’information traitée, qu’elle le soit sur TF1, France Télévision, LCI, I télé, France 24, Euronews ou BFM TV.

Dès lors, plusieurs questions se posent. Avec l’avènement d’internet et puisque c’est la publicité qui finance majoritairement la presse écrite, le gratuit complété par son propre site web semble être l’avenir de cette dernière. Car si le sport et les chats écrasés ajoutés au flux d’information national standardisé occupent l’essentiel du contenu des journaux locaux, quel intérêt y aura-t-il à terme d’acheter un produit de plus en plus vide ?
Les anciens considèrent encore la presse papier comme la référence. Ils aiment encore s’y pencher en buvant paisiblement leur café le matin au bistrot. Mais qu’en sera-t-il des jeunes générations élevées à la culture internet ? Celles-ci se focaliseront-elles autant sur la presse écrite que leurs devancières ? Il y a fort à parier que non.

Vous l’avez compris comme moi, entre la pub et le publi-rédactionnel, l’aspect publicitaire envahit notre presse. Ce faux journalisme ne peut, sur la durée, se suffire à lui-même. Il ne peut et ne pourra contenter le lecteur bien longtemps. Là aussi, une profonde remise en question s’impose.

Par Johan Livernette
Retrouvez l'article ici

1 commentaire:

  1. Pas mal l'article, en effet, il appuie mon article sur la désinformation. A un prochain partenariat j'espère.

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